Pour une bonne communication, on donne souvent des techniques ou des recettes, mais on ne conseille jamais d’être soi et de s’affirmer…
Si vous êtes un ou une habitué(e) de la littérature populaire sur le langage corporel, ces différents thèmes doivent vous dire quelque chose : « obtenez ce que vous voulez de l’autre en contrôlant vos gestes », « manipuler grâce au langage corporel », « séduire en imitant le langage corporel ».
Si vous êtes un ou une habitué(e) de ce blog, vous savez que les synergologues s’opposent à ce genre de schéma. L’expertise du langage corporel doit servir à établir une relation de qualité, basé sur l’équité, plutôt que sur le déséquilibre. Manipuler son interlocuteur n’est pas un acte très stratégique, ni très éthique, car quand celui-ci s’en rend compte, gare au retour de bâton !
Je vous propose donc ici quelques conseils de base qui vont vous permettre, sans être un expert, d’utiliser quelques notions dans votre communication pour arriver à une relation de qualité.
1- Apprendre à ne plus observer
Un expert du langage corporel qui vous dit qu’il ne faut pas observer le corps de votre interlocuteur. Oui et non !
Quand, lors de nouvelles rencontres, j’explique mon métier, on me rétorque souvent « Mais vous devez tout le temps analyser ! ». Je rassure tout de suite : d’une part, c’est impossible, et d’autre part, ce n’est de toute façon pas recommandé ! Le plus sur moyen de rater votre entretien, c’est bien de vous focaliser sur l’observation de votre interlocuteur !
En effet, la concentration que vous emploierez à l’observation et à la réflexion ne sera pas utilisée pour suivre la conversation. Résultat : votre interlocuteur s’en rendra compte, et cela s’en ressentira sur votre entretien.
2- Apprendre à ne plus s’observer
Pour la même raison que sur le point précédent, si vous vous concentrez sur votre langage corporel, vous perdrez cette fois-ci en spontanéité et en concentration sur le sujet de conversation. Les meilleurs communicants n’ont pas besoin de se demander quels gestes sont à faire ou ne pas faire : il a confiance en son sujet, il ne cherche pas à manipuler, il cherche le relationnel plus que le résultat.
3- Reconnaître le « ballon qui passe »
En Synergologie, comme je le disais, nous ne sommes pas perpétuellement en analyse. Cependant, nous sommes quelquefois attentifs, en pleine conversation, à un changement corporel de notre interlocuteur. Nous appelons cela le « ballon qui passe ».
C’est une image qui vient de l’expérience de la conduite : au départ, quand vous apprenez à conduire, vous vous dites qu’il y a énormément de choses à appréhender, regarder les rétroviseurs, faire attention à la vitesse, les pédales, la signalisation… Mais avec l’expérience, cela devient naturel, et on n’y fait plus vraiment attention quand l’on devient un bon conducteur. Mais maintenant, si un ballon traverse la route, de façon inopiné, nos réflexes de conducteurs ressurgissent : nous devenons plus attentifs, plus observateurs.
Transposons notre image sur le relationnel : vous êtes en interaction avec une personne, et pendant que vous lui parlez, vous voyez ce « ballon qui passe » : par exemple, un hochement de tête répétitif avec aucun clignement des yeux. Votre interlocuteur ne vous écoute plus. En bon communicant, vous allez le remarquer, et réagir en conséquence, le tout étant de trouver le moyen adéquat de ramener la personne dans la relation.
En bref, il ne sert à rien de se concentrer sur le langage corporel quand vous êtes dans une bonne communication. Par contre, le langage corporel peut vous aider à saisir les instants où votre interlocuteur « décroche ».
4- Ne pas monologuer
Vous parlez de votre projet à cet investisseur, vous vous dites qu’il est intéressé : il ne vous interrompt pas, hoche souvent la tête pour finalement vous dire « je vous rappelle ». Mais il ne vous rappellera jamais. Pourquoi ?
Vous n’avez pas crée de relation. Vous n’avez pas « séduit » la personne, qui, poliment, n’osait pas vous décevoir ou vous interrompre (on appelle cela une réaction de syntonie en Synergologie), et qui, par empathie, n’osait pas vous dire non. Mais elle n’en pensait pas moins : depuis le début, votre projet ne l’intéressait pas.
En connaissant certaines clefs du langage corporel, vous auriez pu voir que la personne ne clignait plus des yeux (elle était dans son monde et n’emmagasinait plus l’information), hochait la tête presque mécaniquement, vous regardait surement de l’oeil droit… Percevoir à quel moment votre interlocuteur se coupe de la communication, c’est l’occasion pour vous d’arrêter de monologuer et d’utiliser l’un des meilleurs outils du bon communicant.
5- S’intéresser à l’avis des autres
Vous avez perçu que votre interlocuteur ne vous écoutait plus. Qu’allez-vous faire ? Lui demander si vous l’ennuyez ? C’est manquer de tact, et cela ne serait pas très judicieux. Non, le plus sur moyen est de s’intéresser à son interlocuteur par le questionnement. Dans le cas présent, une phrase du genre « Mais dites moi, sur ce point, quel est votre avis ? » est une remarque appréciable. D’une part, vous ramener votre correspondant dans la conversation, mais en plus, vous lui demandez son avis. Attention cependant à ne pas faire de cela une mauvaise technique : c’est un outil utile dans une démarche assertive, si vous rechercher une relation gagnant-gagnant. Si de votre coté, vous n’écoutez pas la réponse de la personne, c’est totalement inutile : la relation ira à l’échec sans un minimum d’effort et d’enthousiasme.
6- Respecter l’avis des autres et se faire respecter
Vous avez posé votre question, et votre interlocuteur vous donne son avis : « Maintenant que vous le dites, je ne suis pas d’accord avec vous. Je trouve que… (s’ensuit une critique de votre projet)« .
Généralement j’observe deux réactions, tout à fait naturelles cependant : soit vous faites « profil bas » et vous donnez raison à la personne, sans aucune volonté de prendre en compte ses remarques (vous pensez que ça ne sert plus à rien de chercher à la convaincre), soit vous avez la réaction inverse et vous cherchez à montrer, vexé, que le raisonnement de votre interlocuteur est erronée. Dans les deux cas, vous avez peu de chance que la relation se termine avec deux personnes satisfaites.
Il y a cependant un juste milieu : on peut être authentique et respectueux, et faire preuve de tact. Ainsi, à la suite de l’exposé de la personne, il suffit de lui faire comprendre :
• Que vous avez entendu son message,
• Que vous respectez son avis,
• Mais que vous avez un avis différent (si bien entendu, vous avez bien un avis différent),
• Et vous êtes tout disposé à en débattre.
De la même manière, respecter le temps de parole de l’autre : éviter d’interrompre à tout bout de champ, mais sachez en faire la remarque si on ne respecte pas votre temps à vous. Sachez vous affirmer, montrer que vous n’êtes pas en dessous de votre correspondant, ni au dessus : vous êtes son égal.
7- Admettre que l’on a peut-être tord
Jean-Paul Sartre disait « l’enfer, c’est les autres ». Nous avons la réaction naturelle de soit rejeter les fautes sur les autres, soit à trop nous blâmer nous même. Là aussi, le juste milieu est à trouver.
Quelquefois, malgré vos efforts, certaines relations n’aboutissent pas. Il n’y a pas de lois immuables sur la réussite en communication. Lors de conflits, on peut chercher à comprendre ce qui n’a pas marché, et peut-être se demander « ai-je raté quelque chose? ». Nous ne possédons pas la communication parfaite, nous restons humains, et nous pouvons admettre notre faiblesse, lâcher prise sur ce qu’on ne peut pas contrôler.
Dans ce genre de cas, il est très appréciable d’aller à la rencontre de la personne et de lui faire comprendre que vous avez remarqué que la relation s’est mal passée, et que vous vous demandez si vous n’avez peut-être pas été responsable en quelque chose dans cet échec. Bref, vous relancer la machine à communiquer, en faisant le cas échéant un mea culpa. Cependant, ne prenez pas toute la misère du monde sur votre dos : vous n’êtes pas responsable de tout l’échec de la relation, la communication, c’est à deux qu’elle se construit !
8- Rechercher quoiqu’il arrive une relation assertive
La communication se construit à deux, en effet, mais nous avons souvent tendance à soit trop attendre de l’autre, soit à trop donner, soit à ne plus rien espérer. L’assertivité est un mode de communication idéal : vous donnez à la relation, et vous recevez tout autant. C’est un système « win-win », gagnant-gagnant.
Ne donnez pas à une personne en sachant pertinemment que vous n’obtiendrez rien. De la même façon, ne profitez pas de la faiblesse d’une personne qui donne sans compter. Dans les deux cas, cherchez la rétribution, l’équité, l’équilibre. Si cela ne fonctionne pas dans un premier temps, patience : on n’obtient pas les fruits de son labeur juste après avoir semé les graines.
Vous gagnerez en capital confiance, on parlera de vous de façon élogieuse, et vous vous bâtirez une bonne réputation de communicant.
Et cela sans aucune manipulation, juste en étant… authentique !
Utilisiez-vous ces outils dans votre communication ? Ou bien encore d’autres ?
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