Une personnalité franche célèbre : Dr House, dont la sincérité frôlait quelquefois la cruauté.
Le dicton populaire nous dit que « toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire ». Ou bien alors que « la franchise paie ». Deux citations somme toute contradictoires, mais qui visent un bénéfice profitable. Tant et si bien que l’on retrouve, si je schématise sommairement, deux types de profils sur la manière de communiquer une chose déplaisante : les partisans qui ne veulent pas blesser, choquer, et donc conseillent de se taire, et ceux qui ne jurent que par une franchise absolue, même si cela doit blesser. La finalité de ces deux attitudes sont-elles bénéfiques dans tout les cas ?
Trop franc ou trop hypocrite ?
Quand je parle de schématisation de ces deux profils, j’exagère à peine, car encore aujourd’hui, j’entends ces exemples de phrases :
» Je ne lui ai pas dit que je n’ai pas apprécié son retard. Je n’avais pas envie de le vexer ! »
» Je n’ai pas aimé du tout sa façon de parler de moi, et je ne me suis pas gêné pour le lui dire, je ne suis pas du genre à mentir ! »
En détaillant de plus prêt ces deux genres de comportements, vous remarquerez que même si l’intention était porté sur l’autre (« je n’ai pas envie de le/la blesser » , « je dis ça pour son bien »), la finalité reste d’une certaine manière égoïste (« je n’ai pas envie qu’il/elle pense du mal de moi », « je n’ai pas envie qu’on pense que je suis un menteur »), car basé sur des peurs (peur de ne plus être apprécié, peur du conflit, peur de s’engager, etc). Pourtant, dans les deux cas, vous ou votre interlocuteur êtes lésés :
• Dans le premier cas, vous souhaitez ne pas contrarier votre interlocuteur. Mais vous n’êtes pas honnête : c’est vous qui êtes en situation d’infériorité, vous donnez l’avantage à l’autre.
• Dans le deuxième cas, vous souhaitez que l’on vous pense honnête. Mais vous pouvez être blessant : vous vous placez en situation de supériorité, vous prenez l’avantage sur l’autre.
Bien entendu, en tant que Synergologue, je peux vous dire que ni l’une ou l’autre de ces deux propositions n’est une bonne façon de communiquer. Dans cet article, nous allons voir comment au contraire dire la vérité sans qu’elle soit blessante, comment garder une relation gagnante-gagnante quand des choses difficiles doivent être dites.
La méthode DESC
Il existe plusieurs façon d’arriver à un comportement authentique (car c’est là l’objectif : s’accepter soi pour que l’autre nous accepte, plutôt que mimer l’autre pour se faire accepter soi), je vais ici vous en livrer une : il s’agit de la méthode DESC. Une méthode en quatre points très facile à retenir, chaque lettre énonçant le point principal à appliquer :
D : Décrire
E : Exprimer
S : Suggérer
C : Conclure
Voyons en détails chaque point :
Décrire : Avant même d’amorcer le sujet déplaisant avec votre interlocuteur, il reste important dans un premier temps de lui décrire brièvement et objectivement la situation en question. Si je reprends mes deux exemples précédents :
« La semaine dernière, lors de notre rendez-vous, je t’ai attendu une demi-heure dehors… »
« Lors de notre dernière soirée, tu as parlé de moi en des termes peu élogieux »
Exprimer : Ensuite, vous devez exprimez vos émotions, notamment négative, sur le sujet, en vous impliquant verbalement (en disant par exemple « je pense », « voilà comment je l’ai vécu », « selon moi »). Ce qui donne avec nos exemples :
« J’ai été très vexé de devoir t’attendre si longtemps! »
« C’est une situation qui m’a mis très mal à l’aise, et qui m’a fait beaucoup de peine »
Suggérer : A partir de là, vous suggérez à votre interlocuteur une solution positive qu’il pourra réaliser de lui-même, toujours en vous impliquant verbalement.
« J’apprécierais que la prochaine fois tu sois à l’heure fixée ! »
« Je trouve que ce serait plus sympathique que tu me fasses ces critiques en privé plutôt qu’en public »
Conclure : Enfin, terminez par les bénéfices que votre interlocuteur obtient s’il suit votre recommandation.
« Je t’en remercie d’avance en tout cas, ça me rassurerait de pouvoir compter sur toi ! »
« Ça pourrait enlever cette tension qu’il y a entre nous, et nous pourrions aller de l’avant ensuite ! »
La fond… et la forme !
Bien entendu, tenir ce genre de discours ne suffit pas si vous n’avez pas le langage corporel en adéquation. Vous dire quel langage corporel adopter reviendrait à vous renvoyer dans les schémas cités précédemment : vous vous placeriez soit au dessus ou en dessous de votre interlocuteur, dans une démarche manipulatrice.
Il vous faut donc ne pas penser à votre langage corporel, mais surtout songer à être sincère dans votre utilisation de la méthode DESC. Si vous ne pensez pas ce que vous dites, ne l’utilisez pas, car dans le cas contraire, cela aura un impact négatif sur votre langage corporel (votre corps dira « non » alors que votre verbal dira « oui »). Dites simplement comment vous ressentez l’interaction, avec toute la spontanéité et le respect dont vous pouvez faire preuve. Accordez la parole et le bénéfice du doute, mais sachez tout de même vous affirmer : restez vous-même.
On ne dira plus de vous que vous êtes quelqu’un d’hypocrite ou de trop franc, mais une personne ayant du tact !
Et vous, vous juge-t-on trop honnête, ou au contraire pas assez ?
Bibliographie :