Vous connaissez peut être les travaux de Francine Patterson, une chercheuse qui tenta l’expérience de faire parler les gorilles… Par le langage des signes! Elle y parvint avec l’exemple de Koko, un gorille qui connaissait 1000 signes et qui arrivait à en utiliser 500 couramment. Ses expériences nous ont permis de « vraiment » communiquer avec un primate et de soutenir certaines conversations, et de voir que les grands singes ont une assise de communication non-verbale consciente. Mais peut-on trouver des signes de communication non-verbal inconsciente, que l’on pourrait mettre en parallèle à la communication humaine ?
Voici un reportage en 4 parties sur l’expérience de Francine Patterson:
Un singe peut donc utiliser son corps de façon consciente pour apprendre un langage et l’utiliser pour communiquer! Qu’en est-il de sa communication mi-consciente?
L’article de Sylvie Lachance, paru dans la revue de Synergologie de 2009 (¹), traite des synchronies gestuelles que l’on peut retrouver chez le singe et l’homme. Grâce à un travail sur des centaines de vidéos de différents primates, on a pu constater des similitudes entre les expressions humaines et celles des grands singes.
Ainsi, on a pu voir qu’un singe pouvait faire une moue de la bouche tout en se frottant le menton quand il exprimait du doute. Les plus critiques d’entres vous auront sans doute pensé : mimétisme. Le travail de la synergologue va donc plus loin, en croisant les items qu’elle observait chez les singes avec les données que l’on connaît sur l’étude des gestes humains.
L’un des gestes les plus marquants est la tendance à porter son petit sur le côté gauche. Amusez vous à observer les mamans tenant leur bébé : vous constaterez que la plupart du temps, une mère portera son enfant sur le côté gauche du corps (et cela, indépendamment du côté où se trouve le coeur : il existe des personnes ayant le coeur à droite qui affiche le même comportement, ce qui montre que la logique n’est pas corporelle mais cérébrale). Un exemple avec cette femelle chimpanzé récupérant son petit tombé à l’eau :
On a pu aussi constater que l’empathie été visible chez les primates. Revenons sur l’exemple de Koko, qui a appris à exprimer ses besoins, mais aussi ses émotions, par l’intermédiaire du langage des signes. En regardant un film triste, le gorille exprime son émotion, non seulement en l’exprimant « verbalement », mais aussi en se détournant de la scène qui provoque cette émotion.
Sylvie Lachance a aussi fait le parallèle avec les micro démangeaisons que pouvaient avoir les singes (et je parle bien de micro-démangeaisons, et non pas de démangeaisons, donc aucun rapport avec des puces ou autres parasites), pour trouver d’importantes similitudes avec nous mêmes. Ainsi, quand un singe sera agacé par un autre, il aura tendance à se gratter la mâchoire droite. Ainsi, les gestes ne sont pas tous culturels, mais seraient ancrés dans notre capitale génétique, et cela depuis nos ancêtres primates !
L’étude du non-verbal va pour l’instant dans le sens des théories évolutionnistes!
Lien: La fondation de Koko le gorille, The Gorilla Foundation
(¹)Lachance, Sylvie (2009), « Du singe à l’homme, les synchronies gestuelles ». La revue de Synergologie, p.61