Les singes expriment-ils des valeurs morales?

Le singe se montre apparemment capable de posséder des valeurs morales que l’on pensait purement humaine.

L’observation des primates m’a toujours passionné, presque autant que celle des hommes. On apprend énormément de ces observations, notamment lors de petites expériences éthologiques, qui nous aident à mieux comprendre la communication animale, comme ce fut le cas avec le gorille Koko, mais aussi notre propre manière de communiquer.

 

Récemment, je suis tombé sur cet exposé de Frans de Waal, un psychologue, primatologue et éthologue néerlandais (je ne vous cache pas mon admiration et mon envie de son curriculum vitae), qui nous explique en quoi les singes peuvent faire preuve d’autant de valeurs morales que nous (merci à Frédéric pour m’avoir envoyé cette vidéo):

 

Frans de Waal précise dans son exposé qu’il y a deux piliers de la morale: la réciprocité, qui est associée à un sens de l’équité, et à l’empathie, qui est associée à la compassion.

 

La réciprocité et le sens de l’équité

Peu d’entres nous auraient pu parier sur le fait qu’un animal puisse montrer cette notion que l’on pensait purement humaine. Et encore, beaucoup d’humains ne peuvent se vanter de les posséder eux aussi!

Les exemples vidéos sont très intéressants sur ces notions:

• Ils montrent un comportement non-verbal éloquent pour son partenaire: le singe demande de l’aide à un autre, il montre son désaccord en cas d’iniquité, il cherche à influencer si la réciprocité n’est pas mise en jeu

• La réciprocité se fait souvent sans notion de récompenses immédiates, certains singes refusant même de se sentir favorisés par rapport à leurs congénères.

• Quand l’influence entre en jeu, comme par exemple par l’intimidation, la qualité de la relation (et donc sa finalité) se détériore.

L’animal met donc en pratique des notions complexes de communication que l’on pensait humaines: les notions que l’on retire des ces exemples le montrent bien. Cependant, la complexité de la communication humaine a rendu le principe de réciprocité malheureusement caduque au profit d’une forme d’égoïsme et de méfiance. La complexité de la communication humaine devrait, au contraire, rendre obsolète toutes ces idées rétrogrades!

• L’homme peut de façon verbale et non-verbale, montrer son impuissance à y arriver seul, et demander une coopération. Certaines personnes arrivent quelquefois à un niveau de cohésion qui leur permettent de ressentir instinctivement les besoins de leurs homologues (on voit ça chez les couples de longue date, les corps d’armées, les danseurs.)

• On peut apporter son aide sans chercher un réciprocité immédiate. Je suis pour ma part très ouvert aux échanges de services et de compétences, au lieu de systématiquement payer en argent comptant ce que je voudrais: c’est une forme de troc sur la durée. On sait qu’un service nous a été rendu, mais on a aussi conscience que nous avons les capacités de renvoyer l’ascenseur le moment venu. C’est un concept d’assertivité que je développerai dans un article ultérieur, en lien avec la Synergologie.

• Les formes d’influence dans la communication humaine apportent toujours un déséquilibre. A partir de la théorie des figures d’autorité (théorie développé en Synergologie), nous observons que nous influençons la communication de trois manières: soit en se plaçant au dessus de notre interlocuteur (par une forme de domination), soit en nous plaçant en dessous (par une forme de soumission), soit en se plaçant à l’extérieur de l’échange (par une forme de méfiance). Le but d’une communication efficace est de n’utiliser aucune de ces figures et d’arriver à une relation « gagnant-gagnant ».

C’est pour cela que les Synergologues ne sont pas adeptes de toutes les « techniques » d’influences que l’on peut voir fleurir sur le web et dans de nombreux ouvrages en librairies, pour la simple et bonne raison qu’il y a toujours une « victime » à ces pratiques. Or, il est possible d’arriver à une communication saine: même les primates en sont capables.

 

L’empathie et la compassion

La plupart d’entre nous possèdent, ou ont possédé des animaux de compagnie, et généralement des mammifères, tels que des chiens, des chats ou des rongeurs. Pourquoi, outre le fait que la plupart d’entre vous me répondront « que c’est mignon », privilégions-nous la possession de ce type d’animal? Il y a en effet de nombreux facteurs tels que la simplicité d’élevage, le service que peut rendre l’animal et la présence qu’il peut apporter. Mais la principale raison est leur capacité à faire preuve d’empathie. Quand vous montrez de la colère, votre chat part se cacher. Quand vous vous sentez triste, votre chien vient vous consoler. C’est cet effet miroir qui nous plait tant chez nos animaux, que ne l’on retrouve pas par exemple chez les reptiles ou les poissons.

Dans cette vidéo, la notion de base de l’empathie est expliqué par la synchronisation dans la contagion du bâillement, qui fait travailler les mêmes zones du cerveau que celle de l’empathie. Vous vous en êtes surement rendu compte à un moment: le comportement non-verbal d’un simple bâillement observé peut causer chez nous la reproduction de ce même comportement.

Dans l’expérience du « choix prosocial », le singe nous montre qu’il est affecté par le besoin de son congénère: il n’est pas soumis à la pression de la récompense, mais bien à celle d’avoir, en plus d’un résultat équitable pour lui et son homologue, la satisfaction du besoin d’autrui. Il a, par son empathie, ressenti que l’autre singe pouvait avoir la même chose que lui par son simple choix.

C’est un comportement très parlant pour nous, humains: combien de fois passons-nous devant nos congénères dans le besoin sans forcément leur porter ne serait-ce qu’un regard?

 

Cette vidéo, d’un point de vue synergologique, est très intéressante, car elle nous montre à quel point la notion de réciprocité, de gagnant-gagnant et d’empathie est en fait non pas quelque chose de purement humain, mais bien un fait ancestral, ancré dans notre capital génétique. Nos cousins les singes possèdent et appliquent ces notions, à nous de nous les approprier aussi et de les utiliser, bien mieux que nous le faisons actuellement.

 

Et vous, avez-vous ressenti tous ces points communs qui nous lient à nos lointains cousins?

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